L'ÎLE DE L'ANGE DÉCHU [2002],
(L’isola del l’angelo caduto, 1999)
trad. de l'italien par Arlette Lauterbach ,
256 pages sous couv. ill., 140 x 205 mm. Collection La Noire, Gallimard
ISBN 2070412474. 17,50 €

En Italie, aux premières heures du régime fasciste de Mussolini, l'île de l'Ange déchu est un lieu d'exil tout trouvé pour les opposants au régime, les délinquants, mais aussi les forcenés. Cette "île-purgatoire" – s'il y avait un après – est peuplée d'ombres apeurées ou de déments sanguinaires, ces chemises noires de la milice qui font régner une terreur légitimée par le pouvoir. Sur ce rocher perdu en pleine mer, d'où l'on ne s'évade pas, les murs de la forteresse ne sont pas aussi hauts que ceux érigés par sa propre folie ou par son simple renoncement à la vie. Seuls les brefs instants d'étreinte charnelle et l'incessante musique des vents échappent à l'enfermement. Ainsi, Carlo Lucarelli change habilement le sable en eau, car son île ressemble à s'y méprendre à un Désert des Tartares où le commissaire, personnage central du récit, le double de Giovanni Drogo, est habité par le désir brûlant, mais inassouvi, de fuir. Outre la critique d'un système totalitaire qui engendre des assassins et des lâches, L'Île de l'Ange déchu est une allégorie de l'Enfer, un conte dans lequel l'auteur démontre que la liberté est une supercherie. --Lenaïc Gravis & Jocelyn Blériot



Quatrième de couverture
Janvier 1925 : tandis que Mussolini prononce son discours à la Chambre assumant la responsabilité politique, morale et historique du crime Matteotti, dans une petite île italienne hors du temps, on retrouve le cadavre d'un homme, au pied d'une falaise. Il s'agit d'une chemise noire, un milicien appartenant à la colonie pénitentiaire de file où sont détenus des délinquants communs et des prisonniers politiques.
Celui qui va enquêter sur cette mort suspecte et sur les deux autres qui vont suivre est un jeune commissaire sans illusions, ni fasciste ni antifasciste, petit héros involontaire, triste, un peu mou mais encore décidé à penser avec sa tête. Il est marié avec une femme rendue folle par la tristesse, la solitude et les influences maléfiques qui semblent souffler sur l'île. Le seul moyen de la sauver serait de clore rapidement l'affaire et de se faire muter. Mais cette histoire devient encore plus visqueuse que file même. À la fin de l'enquête on découvrira une vérité incroyable, terrible et diabolique comme l'île qui l'a engendrée : l'Île de l'Ange Déchu; un lieu où soufflent tous les vents du monde, où les saisons coexistent, où le brouillard est noir, un lieu d'où les hommes ne réussissent pas à prendre leur essor, un lieu oublié de Dieu et du monde.